Hier matin, coincés entre travaux et camions de livraison, Zozo et moi sommes allée dans le centre ville parce que je devais aller chez le médecin. J' ai mal, j' ail mal, je me retiens, et un matin si j' ai le déclic je ne peux plus attendre et il faut y aller immédiatement.
Après avoir râlé contre les tractopelles, râlé contre les bouchons, râlé après les livreurs, Zozo m'a déposé devant le cabinet du docteur et là, 30 minutes à attendre.
Il caillait pas mal quand même mais par chance j' ai trouvé la porte principale ouverte. J' ai monté les 7 marches d' escalier, tout ça pour trouver la porte de la salle d' attente fermée.
Derrière moi ne petite voix " Vous cherchez quelque chose ? "
La femme de ménage. Je Lui explique un peu ce que je viens faire là sans rentrer dans les détails.
Elle m' invite alors a m' asseoir sur un banc dans le couloir et repart bosser quand 3 minutes plus tard je la vois réapparaître " Vous voulez un café ? "
J' ai accepté.
Elle a alors sorti d' une petite boîte son café lyophilisée, fait tourner sa bouilloire a plein régime, et m'a apporté mon café avec une petite boîte en fer pleine de sucre.
Elle a alors fait une pause de 5 minutes et là, comme au comptoir des bistrots parfois, on a parlé de la crise, d' esthéticienne, de Noël et des enfants, de mon docteur...
Ça faisait déjà 3 heures qu'elle avait commencé sont travail.
" Et d' après vous pourquoi les caisses de l' état sont vides ?"
"Euh ... "
" Parce que les gens ne veulent plus travailler. Les hommes n' ont plus les mains dures, ils ont les mains molles. Avant ils étaient maçons, ils cultivaient la terre ... "
Je n' étais pas d' accord avec elle mais je n' étais pas là pour polémiquer, encore moins avec quelqu'un que je connais depuis 3 minutes, et j' ai trouvé ça très drôle qu' a aucun moment elle ne me parle du travail des femmes.
" Les salons Hum hum c'est pas bien pour les soins. J' ai une voisine qui y va pour faire des soins anti age, et quand elle en ressort on ne voit pas la différence "
" Vous avez des enfants ? Moi j' en ai 4. Et ce que je préfère c'est les voir déchirer les papiers des cadeaux à Noël et regarder pour voir leur réaction "
" Il très bien le Docteur, discret, gentil, très bien ... "
Ça a duré jusqu' a ce que le docteur pointe le bout de sa mallette et j' ai bien aimé ce petit moment ou on a taillé le bout de gras avec cette dame que je ne reverrai peut être jamais.
Ça m'a fait penser a tous ces gens que je croisais le matin dès 6h30 en allant bosser : éboueurs, garçons de café, livreurs, forains, et femmes de ménage aussi... Tout un microcosme qu'on voit vivre et s' agiter dès les premières lueurs du jour.
Je n' ai même pas eu le temps de lui dire au revoir...
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