
Quand j'étais jeune, et même un peu moins jeune lorsque j'ai eu mes premiers enfants, on pouvait me poser dans un coin et revenir deux heures plus tard je n'aurai pas bougé. Je caricature mais moins je me faisais remarquer mieux c'était.
Le problème en agissant ainsi c'est que les gens en me pensant trop gentille ou un peu juste intellectuellement je ne sais pas, en profitaient et j'étais toujours celle qu'on doublait dans la file d'attente, sans même un regard de la personne en question pour se dédouaner.
Alors c'est bien beau de râler dans sa barbe mais les premiers concernés, ceux qu'on maudit en silence sur trois générations ne nous entendent pas et on sait très bien dans son for intérieur que ça recommencera la prochaine fois.
Comment j'avais pu en arriver là. Très simplement en fait, être "moche", du moins selon mon ressenti ne me donnait pas le droit de faire certaines choses. Oui c'est assez aberrant comme concept je le reconnais mais pour moi c'était la punition qui allait avec mon physique ingrat.
Et plus j'ai appris à m'aimer, ou plutôt plus Zozo m'a appris à m'aimer, plus j'ai réussi à gagner de petites doses de confiance en moi mais je sentais au fond de moi que ça ne me suffisait pas.
Lorsque j'ai appris le handicap de Jajaja, beaucoup de choses ont changé et j'ai gagné en caractère. Les luttes, les regards condescendant, les petites victoires, ont été comme autant de booster pour moi.Je savais qu'il faudrait que je sois plus forte qu'avant, plus que certains autres, plus forte que la vie rien que pour lui.
Dès lors plus personne ne m'a jamais doublé dans une file d'attente et je n'ai plus jamais laissé personne regarder mon fils d'une manière qui ne me plaisait pas. Je m'arrête, j'explique, bien souvent s'en suivent de longues et intéressantes discussions avec des inconnus ou des personnes que je croise plus souvent.
Inconsciemment ou pas d'ailleurs, pour me libérer totalement, je suis devenue blonde comme dans mes rêves de petite fille. Je voulais devenir un garçon aussi mais de ce côté là rien n'est encore prévu pour le moment.
C'est assez étrange de se vouloir discrète et d'arriver un jour à l'école avec un blond platine que forcément on remarque, pire encore de se faire tatouer une fois, puis deux, le second étant loin d'être discret mais ils font partie intégrante de comment je me sens aujourd'hui, plutôt bien dans ma peau, toujours avec quelques kilos en trop, je pense avoir un vrai problème psychologique à ce niveau là, mais je m'aime plutôt bien.
Je ne cherche pas à provoquer de réactions particulières, ni de par la couleur de mes cheveux, ni par le nombre ou la taille de mes tatouages, je me sens bien comme ça, j'ai osé franchir le pas et tout ça c'est vraiment moi.
Je m'habille comme j'en ai envie, je dis (presque) toujours ce que je pense, je l'écris en tout cas en n'hésitant plus à donner mon opinion mais de la manière la plus constructive possible et chose que je n'aurai jamais pensé possible, je me moque de si on m'aime ou pas. De toute façon, inutile de se mettre la rate au cours bouillon pour quelqu'un qu'on apprécie quand ce n'est pas réciproque.
Si je n'ai rien à faire avec eux, c'est que de toute façon rien de bon n' en serait ressorti. L'idée qu'un enfant puisse nous choisir me plaît et celle que les gens qu'on aime et qui nous aime fassent de même me va bien également.
Une chose pourtant reste encore à changer, il faut que je me tienne droite et c'est un combat de tous les jours croyez moi. Difficile de se montrer telle qu'on est au monde quand on a passé des années à méticuleusement se cacher de lui.
Demain je commence...
Commenter cet article