Il y a un peu plus d'une semaine, on m' a dit par deux fois qu'on admirait le fait que j'élève mes enfants à temps plein. C'est tellement rare que ça arrive alors ça fait vraiment plaisir. Encore plus je crois quand ça vient de femmes très actives, qui bossent, qui ont des enfants, qui ont peut être une carrière en vue ( je ne connais pas tout d'elles), mais qui trouvent que même si on a fait un choix différent du leur, on est pas moins bien pour autant.
Ca change des discours qui sous entendent, parce que c'est rarement dit de façon directe, qu'on a tellement de chance d' être à la maison, qu'on ne doit pas être si occupée que ça, limite même qu'on doit meme s 'ennuyer. Sans parler de notre intellect qui si je lis bien entre les lignes est pour certains proche de zéro, comme si parce qu'on ne travaillait pas au sens premier du terme, on n' avait pas besoin de nos neurones, comme si on les avait mis en jachère, le temps de "retrouver une vie normale".
Si comme je l'ai lu dans un très bon article de Nadia Daam le modèle de la mère au foyer est celui à suivre pour une grande majorité des gens, ce n'est pas, dans mon monde à moi celui qui est donné à titre d'exemple, bien au contraire même.Et encore plus dans le monde virtuel des blogs ou des réseaux sociaux ou la femme "active" est érigée en heroine du quotidien.
Autour de moi, ce serait plutôt la tendance " élève tes gosses et tais toi ! ", comme si on ne devait jamais se plaindre de rien, parce que vous comprenez on a choisi de le faire. Oui, certes, mais comme certaines ont choisi de travailler et se plaignent tout autant.
Je ne suis pas pour opposer les gens, encore moins les femmes, qu'elles travaillent ou pas, parce qu'on a bien assez à faire pour lutter simplement pour notre condition féminine, la parité, l'égalité salariale, le droit à disposer de nos corps...
Souvent j'admire celles qui ont un travail qui les passionnent,, qui ont une carrière, qui mènent tout de front. Parce que je crois j'aurai aimé moi aussi avoir cette opportunité. Mais je ne l'ai pas eu.
Je n'ai pas le diplome qu'il faut,peut être pas l'ambition non plus, et avec deux enfants et un SMIC, je ne voyais pas d'autres choix que de garder moi meme mes enfants.Une fois mis dans la balance d'un côté un boulot éloigné, sans perspective de carrière, fatiguant et pas gratifiant du tout et de l'autre, celui de pourvoir m'occuper de mes enfants et les voir grandir, mon choix s'est fait assez vite.
Alors oui financièrement c'est très difficile. Et il faut faire une croix sur pas mal de choses comme les vacances, certains loisirs, certains trucs à manger même, et on privilégie les besoins les plus urgent, souvent ceux des enfants.
Mais on se débrouille.
Les journées sont longues, intenses, rythmées, fatiguantes, gratifiantes, enrichissantes. Alors bien sûr je n'ai pas de patron sur le dos mais j'ai mes enfants, pas d'objectifs chiffrés à remplir mais une longue liste de choses çà faire, pas vraiment d'horaires sauf que tout est qauand meme plus ou moins réglé avec des enfants : L'heure de l'école, du bain ,des devoirs, des jeux, de l'histoire du soir...
Je sais que certaines voudraient être à ma place et que d'autres me la laissent avec un certain dédain jusque dans le regard. C'est justement ce dédain parfois, ce manque frappant de reconnaissance de la société qui me pèse un peu, beaucoup...
Mais dans le fond, je m'y sens bien. Je crois avoir trouver pour un temps la place qui est la mienne, auprès de mes enfants.
Aider l'empereur à gagner en confiance, accompagner le grand sorcier sur la longue route qui le mènera j'espere au langage, regarder grandir le Mistouflon et lui donner le maximum pour qu'il grandisse au mieux.
J'espère ensuite pouvoir enfin faire un travail que j'aime, ou je pourrais m'épanouir, m'amuser, montrer à mes enfants qu'on peut etre heureuse dans ce qu'on fait, mais on verra, la conjoncture n'est pas forcément favorable, et cette coupure sera peut etre un obstacle pour rebondir comme je le souhaite.
Voilà en fait c'était juste pour dire merci à ces femmes dont les mots cette semaine m'ont réconforté, m'ont donné confiance, m'ont montré que même au foyer j' avais le droit de me plaindre, comme celui d'affirmer que c'est comme ça que je suis heureuse, pour le moment...
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