Lors de la réunion de rentrée, la maîtresse avait bien parlé de séances à la piscine mais tout ça restait encore bien abstrait et surtout si loin dans le temps. Oui mais comme d'habitude, les semaines passent et on s' est retrouvé fin janvier avec une tonne de papiers à lire et à signer pour les fameuses séances justement.
Entre les choses à ne pas faire, les règles à suivre et le détail des accessoires à avoir, on se serait presque cru à l'assemblée nationale avec entre les mains tous les recours déposés par l'UMP contre le mariage pour tous.
J'ai même cédé au sourire de mon fils et à ses yeux façon chat potté pour accompagner deux de ces sorties, une en Mars et l' autre en Avril, j'en cauchemarde déjà.
Le cycle aurait du commencer juste avant les vacances, le 12 Février mais la maîtresse était malade. Quand à la semaine dernière, ça a été annulé pour cause de vent. Oui ici nous n'avons pas de neige mais la piscine étant une piscine sous bulle, le moindre coup de mistral met en péril la structure. Mardi dernier à midi, c'est donc un empereur en larmes que j'ai du consoler.
Mais hier, c' était le grand jour. Et alors que l'empereur ne pensait qu' à ça depuis le week end parce qu'il se languissait d' y aller, moi aussi je ne pensais qu' à ça depuis Dimanche mais pas pour les mêmes raisons. Arriverait il à enfiler son bonnet de bain à cause de ses cheveux, n'aurait il pas peur que l'eau soit trop froide comme en vacances cet été, toute une liste d'interrogations comme j'ai le chic pour le faire.
Mais comme d'habitude, je n' en ai rien montré, et je suis douée en la matière depuis 6 ans.
J'ai donc préparé son sac en reprenant la liste point par point : un sac plastique au fond pour emballer les affaires une fois mouillées, un bonnet de laine, une brosse à cheveux, une paire de lunettes de piscine ( pas sur la liste mais il les voulait tellement ) son bonnet de bain, sa serviette, son maillot, le goûter et une bouteille d'eau. J'ai même réouvert le livre d' Isabelle à la page 102 pour parer à tout oubli et me rassurer aussi un peu sans doute.
La veille je lui ai expliqué ce que j'avais mis dans son sac à dos et il a voulu que je lui relise les règles et la marche à suivre une fois sur place.
Et hier c' était le grand jour. Il était vraiment impatient et il n'a jamais été aussi vite prêt entre midi et deux.
Et c'est le coeur léger, pour lui du moins, que je l'ai accompagné jusqu'à l'école et jusqu' au bus.
Dernières recommandations faites, bisous baveux mais pas devant les copains, et quelques signes de la main plus tard il partait à 6 kilomètres de là, apprendre à nager dans la piscine ou moi même j'avais appris à le faire en CP.
Oui j'ai été un peu fébrile tout l'après midi mais pas tant que ça finalement. Au fil des minutes, j' étais de plus en plus détendue, comme si je sentais que ça se passait bien. Et à 16h30, c'est un petit garçon avec le sourire aux lèvres, les yeux un peu éclatés, et le sac à dos trempé mouillé que j'ai récupéré
Il était très excité et ça a été difficile au départ d'avoir des détails sur la séance. Et puis à l'heure du dîner, on a eu droit à tout le déroulement de l'après midi par le menu : " J'avais une ceinture en mousse orange et blanche " " J'ai eu un peu peur au début et puis je suis descendu dans l'eau par l' échelle " " il y avait 6 lignes et deux toboggans " " j'ai embrassé M dans le tourniquet " euh ça fait vraiment partie de l'apprentissage ça ?
J'étais heureuse de le voir heureux, j'ai même eu l'impression qu'il avait grandi, oui en l'espace de trois heures on peut dire que c'est du rapide.
Je n'ai pas pleuré, je suis restée digne. J'ai joué une fois de plus mon rôle mère cool, détendue et souriante avant l' épreuve ", juste une séance de piscine à 6 kilomètres de la maison.
Alors j'ai pensé à ses mamans qui laissent leurs enfants partir en colonie de vacances ou à des centaines de kilomètres de chez elles et je me suis sentie un peu bête d'être angoissée à ce point.
Et encore je sais que ce n'est rien par rapport à la fois ou je vais être l'accompagnatrice, là ce sera panique totale !
Crédit photo : Cynthia Henebry
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