J'avais 16 ans et j'étais sur la passerelle du deuxième étage au lycée. Je regardais cette fille blonde sous le préau dehors. Elle était mince, elle était belle. Elle était si fluide dans ses déplacements, si naturelle dans sa façon de bouger que je n'ai jamais pu oublier son image.
La vérité, c'est que je crevais d'envie d'être comme elle, sous le préau. C' était l'endroit ou il fallait être, avec les gens avec qui il fallait être mais je n' y suis jamais vraiment arrivé. Ça ne me tentait pas plus que ça d'être populaire mais j'aurai juste voulu être son amie, qu'elle m'apprécie.
Depuis toute petite, je ressens fort en moi ce besoin d'être aimé. Peut être parce que j' ai eu toute l'attention de mes parents en tant que fille unique, peut être parce que la timidité m'a souvent isolé de ceux que j'aurai voulu avoir pour amis.
De la confiance en moi, j'ai appris à en avoir de plus en plus au fil du temps. J'ai gommé des complexes, essentiellement physiques quand j'ai rencontré Zozo, j' ai même réussi à me sentir belle parfois. Mais pour le reste, je suis restée cette fille en haut de la passerelle.
Je le suis à la sortie de l'école, quand je fais mes courses, quand j'ai des rendez vous, même ici, dans ce monde virtuel, peut être encore plus ici qu'ailleurs d'ailleurs.
Je lis la drôle, l' émouvante, l'active, la poète, la discrète, et je me demande toujours comment elles font.. Pourquoi tout en étant si proche d'elles, de leurs vies qui finalement ne sont pas si différentes de la mienne, je ne parviens pas à me sentir comme elles. Je ne sais pas si elles lisent mon blog ou seulement les commentaires que je laisse sur les leurs.J'ai arrêté de me poser la question il y a longtemps. Je ne me sens parfois pas à ma place par écran interposé comme lorsque deux ou trois fois j' ai accompagné les cadors de l' école au café parce qu'il n'y avait pas cours. J'étais à l'époque et je crois être restée, la fille gentille, celle qu'on aime bien, mais qui n'est pas si intéressante que ça.
Finalement je crois que tous ces gens que j' ai essayé d'approcher sans succès, cette fille blonde qui ne connaissait même pas mon existence, ces mères de famille à la sortie de l'école qui ne me regardent même pas, ce vendeur du magasin de photographie qui m'a à peine adressé la parole alors que je lui parlais hier matin de ma pellicule, certains et certaines qui font partie de ma vie virtuellement ne m'auraient rien apporter.
Si je n'ai rien eu à faire avec eux, c'est que de toute façon rien de bon n' en serait ressorti. L'idée qu'un enfant puisse nous choisir me plaît et celle que les gens qu'on aime et qui nous aime fassent de même me va bien également.
J' ai relu hier un commentaire de Carole qui disait qu'elle préfère quand il y a échange et réciprocité et je crois qu'elle a raison, non plutôt je sais qu'elle a raison. Échanger avec des gens qu'on aime, leur donner et recevoir de bonnes ondes en retour, c'est bien ça la clé du bonheur, socialement parlant. Ça évite une perte de temps et d'énergie considérable avec ceux qui passent à côté de nous sans nous voir.
Dire enfin au revoir à cette fille blonde qui danse sous le préau...
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