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C'est la faute à personne

Publié par Madamezazaofmars sur 22 Février 2018, 13:59pm

Je lis ces jours ci pas mal de commentaires qui ont pour sujet l'autisme et plus précisement qu'est ce qui fait qu'on devient autiste. Et se rendre compte que certaines personnes pensent que l'autisme se provoquerait ou s'attraperait comme un rhume me fait, je ne sais pas si c'est bondir ou de la peine, mais c'est très étrange.

Croire que laisser les enfants trop longtemps devant des écrans le fera devenir autiste, penser que selon l'alimentation donné à bébé il sera autiste, supposer que les vaccins puissent rendre autiste (sur ce dernier point je suis un peu plus modérée, l'ayant moi même pensé) c'est quelque chose que je lis de plus en plus souvent et ça me fait peur autant que ça m'agace.

Ca me fait peur parce que j'ai l'impression qu'on essaie de rassurer les parents, de leur dire que si ils suivent le parfait manuel du parent qui suit les bons conseils des uns et des autres, leur enfant, sans écran, sans gluten, sans vaccin, sans mère poule, évitera tout trouble du spectre autistique.

Parlons en de la mère, poule, louve, cool, choisissez, ce sera toujours celle par qui tout arrive,car sachez le quand on a un enfant handicapé c'est toujours du  côté de la mère que l'on va chercher, comme bien souvent me direz vous.

" Votre grossesse s'est bien passée ? Et l'accouchement ?" " Vous l'avez allaité ?" "C'est vous qui le gardez ?" " Vous le couvez beaucoup ?". Couver, le mot est lâché, et puis il faut bien trouver une petite part de responsabilité aux parents, mais pas au père non, à la mère ça suffira.

Comme si je ne culpabilisais pas assez au départ pour l'autisme de mon fils, pensant que j'avais sûrement fait quelque chose de mal pendant ma grossesse, que je n'avais pas assez agit comme ci ou comme ça, pas assez joué avec lui, pas assez câliné, voilà que certains professionnels au moment ou je commençais à comprendre que rien n'était de ma faute en remettaient une couche.

Et on a beau savoir tout au fond de soi que c'est un trouble du développement, la sensibilité, la mienne en tout cas, celle qui me fait monter les larmes aux yeux dès qu'on me parle de mes enfants, peu importe lequel,  fait que c'est toujours difficile de ne pas replonger dans des travers qui font que je cherche a nouveau ce que j'ai pu louper avec mon fils.

J'ai mis plusieurs années à me dire une bonne fois pour toute que non je n'y étais pour rien mais je pense à tous ces parents, toutes ces mères surtout, qu'on remet toujours en cause, sur qui on fait peser parfois les causes du handicap de leurs enfants, aux petites phrases assassines, aux regards de travers.

A l'inverse, il y a l'autre parent, l'allié indispensable, souvent oublié lui pour le coup dans cette histoire de handicap, mis de côté,  celui qui peut être s'énervera parce qu'on vous pose toujours les mêmes questions, parce que plutôt que de causes qui n'existent pas ce sont de solutions concrètes dont on a besoin, celui qui finira par prendre la parole à notre place parce qu'il sent bien que cette fois là c'est celle de trop.

A ces mères qui se reconnaissent ici, j'ai envie de leur dire que ça passera et qu'un jour ça ne les atteindra plus mais qu'il faut du temps parfois pour digérer des mots qu'on aurait jamais voulu entendre. Ca passe parce que notre priorité absolue c'est le bonheur de notre enfant, c'est toutes ces batailles qu'on doit mener, toutes ces victoires à savourer, année après année.

 

 

 

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C
ça me fait penser au témoignage d'une femme végane qui avait un cancer. Tout le monde lui disait: "Tu vois que ça ne sert à rien d'être végan puisque tu es quand même malade, autant manger de la viande!". Les gens ne comprennent pas qu'on peut essayer de faire les choses bien, de vivre selon nos convictions (être végétarien, être écolo, préférer le local) mais que cela n'empêche pas les maladies et que le lien cause-conséquence n'est pas à chercher partout.<br /> Penser que l'alimentation ou la télé sont responsables de tout, c'est se voiler la face.<br /> Bon courage.
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M
Ton commentaire est tres éclairant et l'exemple cité très parlant, merci
S
Je pense que la culpabilisation est un passage obligé pour nous, mamans d'enfants "exceptionnels". Nous pensons très souvent être à l'origine de tous leurs maux. Pour ma part, impossible d'en échapper puisque aujourd'hui, je sais que les problèmes de mon fils on commencé lors de complications à la naissance. J'ai forcément pensé que je n'ai pas assez poussé, que je me suis mal préparé, qu'il a des difficultés à cause de mon incapacité lors de l'accouchement, etc. Oui, avec le temps, çà finit par passer, mais çà ne vous quitte jamais tout à fait, surtout dans les moments où vous craquez et que vous vous demandez, sans jamais de réponses satisfaisantes, qu'est-ce que votre enfant deviendra ! <br /> Tout un sujet, mais je suis contente de "rencontrer" une maman qui vit la même chose que moi.<br /> J'en parle aujourd'hui justement http://carnetd-humeur.publicoton.fr/les-kids-infirmite-motrice-cerebrale-imc-13020388
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M
On n'aura jamais vraiment l'esprit tranquille alors que nous n'y sommes pour rien. Je file vous lire
M
Comme souvent lorsqu'il s'agit de ton fils, un billet plein de pudeur, de douleurs face à l'ignorance. La différence fait peur...Je suis toujours effarée du manque d'empathie que peuvent manifester certains, du manque de connaissances : j'ai l'impression que plus les sources sont nombreuses, plus les gens sont ignares (et dans tous les domaines) comme si les écrans n'impriment rien dans leur petite cervelle ! et c'est ce qui m'inquiète : on fait passer les apprentissages de plus en plus par les écrans alors qu'il semble que tout effet en est éphémère ! Il n'y a qu'à voir tous les conseils évidents qui sont donnés à la télé dès que survient une vague de chaleur, de froid, de vent .... pour la conduite ! mince les gens sont décérébrés !
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M
C'est je pense une minorité mais dont la bêtise effarante submerge tout le reste
A
Ton article me touche énormément... J'ai eu la "chance" avec mon grand de ne jamais subir celà avec les professionnels, on m'a toujours bien expliqué que sa maladie était une mutation de novo et que je n'étais en aucun cas responsable. Ça n'évite pas les questions sans fin, certes, mais ça allège un peu quand même... Ce qui me pèse, c'est cette recherche permanente du "Est-ce que je fais ce qu'il en faut ? Est-ce que j'en fais assez ?", et là pour le coup sentir la pression des uns et des autres, jamais dans la même direction d'ailleurs... Et là, j'ai toujours peur du "c'est ma faute", d'avoir fait ci, pas fait ça... C'est tellement dur. Tu as raison de noter noir sur blanc que ce n'est la faut de personne. Dans cette épreuve, la culpabilité peut tellement nous engloutir...
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M
Chaque jour ou presque je me suis demandée ce que je n'avais pas fait avec lui que j'avais fait avec ses freres, c'est très destabilisant cette remise en cause permanente
D
Comment ne pas se sentir touchée par un tel texte ! La faute à personne, oui, c'est la loterie de la vie, même si des décennies de théories psychanalytiques ont voulu nous faire croire le contraire. Pourquoi imaginer qu'il y a forcément une raison au handicap, à la survenue d'un accident ou d'une grave maladie. Peut-être parce que c'est si difficilement concevable, justement, qu'il n'y ait ni raison ni sens à tout cela. Et puis si c'est la faute des mères ou des familles, alors "c'est bien mérité" et la société n'a plus à rougir de son manque d'investissement dans la prise en charge de l'autisme...
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M
Parce que les gens ont toujours besoin de cause pour se rassurer, pour se dire peut être que ça ne leur arrivera jamais
E
C'est un très beau texte. Je crois que ceux qui cherchent "la faute à qui" ont surtout besoin de se rassurer sur le fait que ça ne leur arrivera pas à eux. Les choses sont comme elles sont et chercher la cause (autrement que sur le plan médical) ne permet pas de trouver une solution mais plutôt de rajouter de la culpabilité qui est néfaste pour aller de l'avant. Merci pour le regard que tu portes sur l'autisme et de le partager.
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M
Merci
B
merci pour tes mots<br /> oui on lit on entend du grand grand n'importe quoi comme souvent pour ce qu'on connait peu "pas assez "ou qui "fait peur"<br /> <br /> et surtout oui il est inacceptable de rajouter une couche sur les mères<br /> de les montrer du doigt <br /> alors <br /> merci <br /> <br /> et bravo <br /> <br /> je t'embrasse fort en toute amitié
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M
Merci a toi <3
B
Très bel article qui j'espère sera lu par nombre de parents concernés par le handicap de leur enfant. Tu as raison, on cherche toujours du côté de la mère...
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M
C'est fou que les choses n'évoluent pas
A
Bravo pour ce billet ! Il résume ce que je m obstine à dire lors de nombreuses discussions avec amis et proche ! Je connais le handicap par mon travail éducatrice et par ma mère polyhandicapee dont je suis la tutrice ! Si autant d énergie était mise à dénoncer la catastrophique prise en charge du handicap en France qu à essayer de en trouver les coupables peut être qu l annonce serait moins dure pour les parents la vie moins soucieuse pour les proches. Peut être que nous pourrions enfin voir le handicap comme un fait une différence certes mais pas une charge. Encore bravo pour ce billet...
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M
Et bravo a toi pour ce commentaire, merci !
R
Mortinatalité, même mon correcteur ne connaît pas ce mot, Doctissimo...
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R
Il y en a surtout marre de cette culpabilisation constante des mères. Tiens, j'y pensais hier, Doctissimo m'envoie une notification: " Dormir sur le dos augmenterait la mortalité". Bordel, mais ils en ont pas marre, faut pas bouffer ceci, faut surtout pas dormir comme ça, faut pas faire cela sinon... Ils pensent pas que les futures mamans sont déjà super angoissées, faut les faire dormir les pieds au mur en plus maintenant? Arrêtez un peu avec tout ça, on ne veut plus de la culpabilisation, on veut de la bienveillance, bordel!!!
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M
Amen et merci
F
oh oui comme ton texte me fait écho.. sauf que pour moi c'est "désolé mme ce qui vous arrive c'est 1 cas sur mille... et pas de chance ça tombe sur vous" bref.. il vient d'avoir dix ans et j'ai un super méga chouette gamin!! hyper bien dans ses chaussures souffrant d'hémiparésie partielle,de troubles des apprentissages mais hyper drôle,hyper génial! un gamin EXTRA ordinaire! <3
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M
<3
M
moi aussi quand mon fils est tombé malade on m'a demandé et chez vous de votre côté et blablabla.... et j'ai tjs cette culpabilité.....
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M
C'est triste de mettre les meres dans cet etat d'esprit là