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Mon petit écolier extraordinaire
Tu n'imagines même pas à quel point mon coeur bat fort à chaque fois que je te vois prendre ton petit cartable et le serrer fort dans ta main.
Tu ne vois pas mon grand sourire après que je t'ai embrassé devant le portail et que je te regarde courir vers tes camarades et la cour de récréation.
Tu ne sais pas combien on s'est battu ton papa et moi pour que tu sois là à user tes pantalons sur de petits bancs minuscules, apprendre à compter, dessiner, écouter des histoires, t'ouvrir au monde et aux autres et vouloir toujours grimper sur le vélo bleu à la récréation.
On s'est battu mais pas tout seul et un tas de gens derrière leur écran nous ont filé un sacré coup de main.
Tu as aujourd'hui une AVS qu'on connait encore mal, toi aussi peut être, mais qui a l'air motivé pour t'accompagner au mieux.
Les premiers jours ont été difficile et puis petit à petit tu as trouvé tes marques et ce début Janvier, ton début d'année scolaire en quelque sorte a été fantastique, tel que je l'espérais, jusqu'à ce que tu décidés que non ça ne pouvait pas continuer aussi bien que ça.
Tu es rentré dans un cercle vicieux de provocations, de coups même, à courir partout et à ne plus vouloir rester en place. Et ça fait presque deux semaines que c'est comme ça. ca nous parait encore plus étrange parce qu'à la maison tu n'es pas comme ça du tout. Bien sur tu n'es pas un ange, un enfant parfait, tu bouges, tu sautes, tu fais du bruit, tu vis fort, mais rien à voir avec ton comportement à l'école.
Ton papa et moi on donnerait cher pour savoir ce qui se passe dans ta tête au moment ou tu commences à perdre le contrôle à l'école. On voudrait comprendre, on voudrait surtout t'aider, savoir si tu souffres, si quelque chose s'est passé, et pourquoi tu mets autant à mal ton AVS, car c'est bien elle qui encaisse tout ça.
Et tu sais mon fils, les gens sont prets à beaucoup de choses pour toi, F aussi, mais on ne sait pas si elle tiendra la distance tellement tu mets ses nerfs à mal. Ca me fait drôle d'écrire ça, tout bizarre, parce que pour nous tu n'es pas ce petit garçon là. Si seulement tu pouvais nous dire pourquoi, comment...
Alors que venir te chercher à l'heure des mamans était une petite bulle de bonheur, c'est devenu une source d'angoisse, entre visage de l' AVS dépitée et réunion improvisée. On nous expose les faits, on s'excuse, on est désolée mais on ne sait pas vraiment quoi faire de concret, là, tout de suite.
Alors on cherche des solutions, et c'est dingue finalement tout ce qui nous passe par la tête, tout ce qu'on trouve, tout ce qu'on essaie de mettre en place pour aider l' AVS et l'école. Je pensais qu'on était arrivé au bout de nos ressources avec ton père, mais pas du tout.
Il n'y a personne pour nous aider, et les professionnels comme on dit sont vraiment très peu présent. Disons que plus ça va, plus on nous écoute, moins on nous donne de solutions. Il faut donc chercher seul, s'adresser à des parents comme nous, et ça ça aide bien, et s'improviser éducateur, formateur, psychologue, négociateur, et on se perd parfois pour ne pas oublier finalement que nous sommes juste ton papa et ta maman. On est isolé mais comme tellement de parents d'enfants handicapés que ça en donne le tournis, ça ferait presque peur.
On a peur pour toi, on craint que tout s'arrête, que l'AVS tire sa révérence et qu'il faille tout recommencer depuis le début. On a toujours peur de manquer de forces mais on sait qu'on a pas le droit pour toi. Si je flanche il est là, si il flanche je suis là.
J'aimerai que tu me fasses un signe, comprendre ton mal être à l'école, savoir pourquoi tu malmènes F alors que tu n'étais que câlins et bisous il y a encore quelques jours, te dire que c'est une grande chance, même si la salle est un peu petite pour toi et tes grands rêves, d'être en Grande Section avec des enfants qui t'ont un peu pris pour mascotte.
J'espère qu'on comprendra, j'espère que tu trouveras enfin une place, ta place, parce que tu la mérite et que tu verras, que comme l'année dernière et ta moyenne section idyllique, tu vas apprendre, grandir, changer, et t'envoler.
Je ne sais que tu ne me liras pas , mais moi je vais te dire tout ça, et j'espere qu'a défaut de me répondre, tu m'entendras, mon petit élève pas tout à fait comme les autres.
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