/image%2F1236360%2F20151117%2Fob_caa029_12231028-466679700171600-1332973265-n.jpg)
J'avais prévu quoiqu'il arrive de vous parler de la deuxième rentrée de Jajaja. Avant Vendredi parce que je sais que vous êtes nombreux à nous suivre et à nous soutenir. Après Vendredi parce que j'ai voulu y voir un symbole d'espoir dans tout ce noir.
Cette lueur au milieu du chaos, mon fils la portait bel et bien sur son visage hier matin. Voilà deux semaines qu'on lui expliquait un peu chaque jour qu'il allait retourner à l'école et là enfin le grand jour était arrivé.
Il s'est préparé, habillé, a pris son cartable avec la banane. J'avais envie que tout soit parfait, que tout soit douillet pour une rentrée tout en douceur. J'avais d'ailleurs au cas ou je n'aurai pas pu lui parler comme je le voulais une liste de choses à savoir pour sa nouvelle AVS.
On a d'abord accompagné l'empereur et on s'est mis en route vers le portail de son école. Son grand sourire ne l'a jamais quitté. Comme avant, il a trainé les pieds dans le sable déposé sur le chemin de la cour de récré, il a ramassé un petit caillou comme il le fait partout ou il va.
La directrice nous attendait au portail pour nous signaler qu'il n'y avait aucune nouvelle de l' AVS mais elle m'a quand même dit d'aller vers la classe. Il n'y est allé que quatre fois depuis le début de l'année mais il l'a retrouvé tout de suite.
On pourrait croire à un running gag, ça pourrait même peut être nous faire rire, plus tard...
La maitresse a eu l'air étonné de nous voir et nous a laissé rentrer malgré l'absence de l'AVS. Madame est trop bonne...
9h00 : On s'est assis sur un petit blanc dont il se relevait toutes les 30 secondes pour sauter avec toujours ce grand sourire.
J'ai été étonné de constater à quel point les autres enfants ne l'avaient pas oublié. Il lui ont fait un accueil auquel je ne m'attendais pas. Et des sourires, et des " oh t'es la Jajaja super " et " Jajaja tiens t'as oublié ton étiquette " se disputant presque pour s' assoir à côté de lui.
9h10 Game Over : l' AVS n'est jamais venu sans qu'on sache vraiment pourquoi à ce moment là. La maitresse n'a pas proposé de garder Jajaja dans la classe, pour une fois, même seulement jusqu'à la récréation.
Je me suis mordue si fort l'intérieur des joues pour ne pas pleurer. J'ai du lui expliquer qu'on ne pouvait pas rester et j'ai bien vu qu'il ne comprenait pas pourquoi. Et puis une fois le portail passé, j'ai éclaté en sanglots. Et je ne me suis guère arrêté de pleurer depuis.
Je suis en colère, je suis triste, j'ai la rage, j'ai une peine immense, j'ai envie de crier, de tout casser, de serrer mon fils tres fort contre moi, j'aimerai trouver les mots qui me manquent...
Je ne comprends pas comment on peut faire ça à un enfant. Sûrement que comme il est handicapé on se dit qu'il ne comprendra pas tout mais il comprend très bien. Mon fils n'est pas un simple dossier déposé sur le bureau de la MDPH, mon fils n'est pas un numéro, c'est un être humain comme les autres.
Et pourtant c'est avec si peu d'humanité qu'il n'a pas pu rester dans sa classe hier matin. J'ai eu l'impression qu'on était du bétail, je ne saurai trop comment vous l'expliquer.
Je ne critique pas l'école, même si après coup, et ce matin encore, j'en veux quand même un peu à la maitresse qui aurait pu pour 1h30, garder Jajaja dans la classe, pour que ça passe mieux, pour que ça se passe tout en douceur. Comme me l'a justement dit la responsable de la halte jeux du Mistouflon " parfois il faut savoir mettre de l'extraordinaire dans sa vie et une matinée pas tout à fait comme les autres n'auraient tuer personne"
Ce n'est finalement pas sur la personne qui avait été soi disant désigné que je dois déverser ma bile puisqu'elle est finalement en formation et n'a jamais signé aucun contrat.
Je n'ai d'ailleurs envie de la déverser sur personne mais quand même la personne que j'ai eu au téléphone Vendredi matin, et avec qui je suis en contact depuis qu'il a quitté l'école, elle, je lui en veux un peu. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment on peut donner de l'espoir aux enfants, aux familles, pour rien finalement derrière.
Madame B, derrière mes coups de téléphone, derrière ma voix, il y a un coeur qui bat, celui de mon fils d'abord, le mien ensuite, puis celui de son papa, de ses frères. Et je préfère vous prévenir dès aujourd'hui je ne vous lâcherai plus, je vais être avec vous comme une moule sur son rocher. J'ai pensé à donner votre numéro de téléphone à tous les gens que je connais pour qu'ils vous appellent un par un. J'aurai adoré faire un truc dans le genre Petit Journal et Fox News avec une boite mail qui déborde. Mais pour ce matin je vais me contenter de vous téléphoner, tout dépendra de vos réponses...
Et quand je pense qu'on doit être des dizaines, des centaines même de familles dans le même cas, je ne comprends même pas comment c'est possible en fait.
Pas de courses en sac ce matin, de cheveux à coiffer, de lait et de brioche à avaler un peu plus vite que d'habitude, de chaussures à lacer, de réhausseur à installer, mais j'aurai préféré...
Cette colère qui m'habite encore je vais m'en débarasser, déposer mon sac de peines et de chagrins, parce que j'ai besoin de force, d'énergie, de tout ce qu'il y a de bon en moi pour recommencer à me battre.
Et puis je vais sourire aussi, pour lui...
Commenter cet article